Producteurs discrets qui ont officié dans l’ombre en usant de pseudonymes ou en refusant carrément d’être crédités (on parle de travaux chez Madonna ou encore chez Kelis…), The Amplifetes est un quatuor suédois qui essaye de faire le grand écart entre des influences dispersées au quatre coin des courants et des modes un peu comme si Suede (sans mauvais jeu de mot) se mettait à l’électronique, que ses chansons étaient accélérées à 130 bpm puis rebidouillées par un dj star (« Blinded by the moonlight »).
« It’ My Life » possède ainsi ce côté relecture pop du big beat comme un mélange entre un Prodigy catchy et un Chemical Brothers aux featuring british. Mais plus encore, c’est vraiment avec LCD Soundsystem qu’il faut chercher des accointances. Moins drôle, moins fins, moins profond que le premier, The Amplifetes n’en reste pas moins plus juvénillement direct et plus spontané. « Whizz Kid » qui cite pêle-mêle toutes ses influences de Easy Riders à Kafka en passant par les Rolling Stones, Buchowsky, Kubrick, Taxi Driver et Sam Peckinpah se veut ainsi comme un corollaire de « Losing My Edge », une chanson pour les rockeurs qui n’ont plus de culture natale et qui se vautrent dans une pop culture mondiale.
Pourtant, il y a quelque chose chez The Amplifetes qui pousse non seulement à l’indulgence mais qui plus encore donne envie de laisser certains titres tourner en boucle. Ainsi il y a dans des titres comme « Maxine » des velléités diaboliquement pop et une mélodie qui ne s’offusque pas de tout cet enrobage poussif qui mélange allégrement sons acids et solos de guitares. Oui il y a ici un certain respect pour ces mélodies si puissantes qu’elles ne souffrent pas des fautes de goûts qui viennent étayer et grossir les titres. Par exemple désossée de sa production trop tape-à-l’œil, « Somebody New » fait preuve de vraies qualités de songwriting.
En fait c’est un peu comme si The Amplifetes avaient écrit un honorable album de pop et qu’ils avaient décidé de remixer eux même tous les morceaux du disque préférant masquer les originaux au profit de leur version dansante.
Finalement, on se dit que le groupe a bien raison d’utiliser de manière efficiente son sens aigu pour les rythmiques électroniques qui accroissent la circulation du sang dans les jambes. Comme sur n’importe quel marché, il est pertinent de se focaliser sur ce qu’ l’on sait faire de mieux. D’ailleurs, il suffit d’écouter en entier « A million men » pour réaliser que les chansons ne survivent que difficilement à l’absence des beats.
Assez doué pour l’auto-recyclage (toutes les chansons du « Whizz Kid EP » sont d’ailleurs présentes sur ce premier effort), The Amplifetes ponctuent ses chansons de « Fokker » avec une insouciance qu’on se voit mal fustiger. Sous ces aspects vains et grossiers, il y a un groupe bordélique qui a librement envie de tout mélanger ; il faut espérer qu’à l’avenir les suédois trouvent le bon dosage.
Note : 4,5/10