David Newman est un artiste prolifique, qui a sévi sur des labels aussi pointus et réputés que 12k et Audiobulb Records. Observateur et acteur de la scène expérimentale de Sheffield, il fut remarqué par un certain Taylor Dupree. Son projet Autistici a été également relayé sur des netlabels intéressants, comme Hippocamp, Kikapu ou Ear Errant. Sa dernière réalisation porte un nom définitivement évocateur, et est publiée sur le label Home Normal.
Autistici a quelque chose d’obsessionnel dans sa manière d’envisager les sons. Il est bien plus qu’un observateur de son environnement direct. Il l’analyse en permanence pour développer ses talents de sound designer. Il serait injuste de qualifier sa musique de purement expérimentale. Sa palette strictement mélodique est tout d’abord bien trop riche pour ça. Il a aussi une capacité à aller à l’essentiel qui rend sa musique terriblement accessible.
Amplified Presence est un peu semblable à une fontaine de jouvence. Comme si on avait filé un séquenceur à un enfant, et qu’il avait su immédiatement s’en servir. Qui n’a jamais joué à l’apprenti chimiste à l’aide d’une mallette discount en ajoutant tout ce qui lui tombait sous la main dans des tubes à essais ? Le tapis d’éveil aussi. Si je mets ma main là, ça fait ce bruit là (Bed Of Powdered Glass ou Attachment Type), et si je tire sur ce machin qui pend, ça allume une lumière vive (Vocal Chords). Il y a effectivement quelque chose ici de très ludique, et de très enfantin (plus particulièrement sur Slow Rotor Sensory Loop). David Newman n’est pourtant plus un enfant, et encore moins un apprenti.
Il n’y a qu’à se pencher sur les thèmes obliques de Religion Of Water And Air pour s’en apercevoir et constater que les collages et les cuts ne sont pas simplement l’oeuvre d’un quelconque beatmaker. L’immobilisme ? Le lascar ne connaît pas. Point ici de vulgaire répétition pour chercher une issue peu élaborée. Il sait faire muter la masse brute sonore et la parer d’enluminures synthétiques. Les cordes de Sixteenth semblent avoir été enregistrées dans le lit d’un cours d’eau. Le clapotis a quelque chose de reposant et confère une certaine béatitude. Ne parlons même pas de Towar Location et de son tempo plus binaire, agrémenté d’improvisation rythmique très jazz. Qui a dit que les sphères digitales dénaturaient le produit ? Même si l’impression de nature luxuriante est certaine à l’écoute du bien nommé Field, on regrettera peut-être l’absence d’ajouts de sources un peu moins classiques. Mais peu importe, l’émerveillement demeurera intact.
Amplified Presence est un album curieux et troublant de par sa variété. Même si il faudra un nombre d’écoutes important pour complètement adhérer à l’ensemble, il s’installera dans la durée aux abords de la platine pour à chaque fois, lui trouver des idées et des trésors supplémentaires. Une très bonne surprise, fourmillante d’ingéniosité.